Alors que le challenge du Dry January (janvier sans alcool), touche bientôt à sa fin, Pills s’est penché sur la consommation d’alcool chez des jeunes et la pression sociale qu’implique la boisson.
Ne pas consommer d’alcool pendant tout le mois de janvier, c’est le concept du Dry January. Ce mois sans alcool initié en 2014 par Alcohol Concern – un organisme britannique qui sensibilise à l’alcool – se répand de plus en plus chez nous en France, notamment chez les jeunes. Selon la société de sondage YouGov, 32 % des 18-24 ans ont déclaré qu’ils ne consommeraient pas d’alcool en janvier 2021.
Mais pourquoi préférer le jus de pomme à la vodka pendant tout un mois ? Alexandre, étudiant en management du sport, a tenté l’expérience cette année : « On enchaîne les soirées, on boit beaucoup. Quand on en a fait 7 en deux semaines, on a envie de calmer le jeu et on ressent qu’on est plus dans un mode de vie sain, qu’on surconsomme. » Du coup, Alexandre a essayé de faire des mois sans alcool, même en dehors du Dry January. Mais impossible de tenir le mois entier. « Je finis toujours par craquer au bout de deux ou trois semaines à cause des autres qui insistent pour que je boive une petite bière ou un shot » détaille-t-il.
« Tu ne bois pas ? Quel ennui. »
Cette pression sociale autour de l’alcool, elle existe vraiment selon Stéphanie Ladel, addictologue et consultante sociale « Quand vous prenez un diabolo fraise, dans un bar ou en groupe, ce n’est pas rare que ça interpelle même si ça ne devrait pas être le cas. On a de nombreux témoignages de remarques incitatives ou dubitatives quand on ne consomme pas d’alcool. Ça peut être un ami, un membre de la famille…». Une pression d’autant plus importante chez les adolescents et les jeunes adultes, qui traversent une période de transition selon Maria Melchior, chercheuse à L’INSERM, spécialisée dans les d’addiction et de santé mentale « L’entrée dans l’âge adulte, c’est une période durant laquelle on expérimente beaucoup. Et l’alcool fait partie de ces expérimentations. Et puis contrairement aux adultes plus âgés, les jeunes consomment de l’alcool majoritairement en groupe. » Et la norme arrive tôt en France, selon la chercheuse. « On commence à boire en famille, les parents font goûter aux enfants. Et ensuite, on transpose cette norme avec les amis quand on grandit. »
Consommer de l’alcool n’est alors plus une question mais plutôt une évidence, une habitude. Et dire non, pour les non-buveurs ce n’est pas évident, au point qu’il se laissent tenter alors qu’ils n’aiment pas ça. Quand elle avait 20 ans, Clara buvait de l’alcool « pour être une meuf cool, avec les autres. Et puis j’ai arrêté parce que je n’aimais pas ça. » Mais la jeune femme de 25 ans a recommencé à commander quelques bières au bar, après une remarque qui l’a marquée : « J’étais chez mon petit ami de l’époque, dont j’ai rencontré la soeur. Elle a remarqué que je ne buvais pas, je lui ai expliqué pourquoi. Quelques minutes après, je l’ai entendu dire à mon copain que j’étais ennuyeuse à cause de ça. » Ennuyeux, bizarres ou simplement “pas fun”, ceux qui ne veulent pas consommer d’alcool ne sauraient pas s’amuser aux yeux de certains.
« Parfois, je vais en soirée et je n’ai pas envie de boire. J’aimerais bien prendre un coca mais je finis par boire des shots, parce que je n’ai pas envie d’expliquer pourquoi je ne vais pas boire ce soir », explique Pierre-Jean, 27 ans. Rien d’étonnant pour Stéphanie Ladel : « Il n’y a pas de bonne méthode pour refuser l’alcool et assumer de ne pas boire, de sortir de la norme établie, c’est difficile. Le problème, c’est surtout l’entourage. »
Plus de jus d’orange un peu moins de vodka
Et si certains n’en sont pas capables, d’autres arrivent à prendre conscience des pressions sociales auxquelles peuvent s’exposer les jeunes qui ne boivent pas. « Moi je me moquais un peu de ceux qui ne boivent pas, raconte Rémi. Et puis un jour j’ai vu quelqu’un se faire emmerder à cause de ça dans une soirée. Ça a été le déclic pour moi », explique-t-il. Rémi réalise également que c’est peut-être lui qui a un problème avec sa consommation d’alcool. « Je me suis rendu compte que je commençais à boire en dehors du cadre festifs. Une bière en sortant du taff par exemple. Et en fait, je buvais tous les jours. » Pour limiter sa consommation d’alcool, l’OMS recommande de ne pas dépasser 10 verres par semaine. Il est également conseillé de s’arrêter à deux verres chaque fois qu’on boit.
Dressé comme ça, le tableau “alcoolisme et jeunesse” semble assez sombre. Pourtant, les spécialistes s’accordent à dire que la consommation d’alcool à tendance à baisser chez les jeunes Français. « Il y a un intérêt accru pour le corps et la santé chez les jeunes. En conséquence, ils font de plus en plus attention à leur consommation d’alcool », affirme Maria Melchior. La ligne, la santé physique, la fatigue que peut entraîner l’abus d’alcool… Ce seraient donc toutes ces raisons qui favoriseraient le jus d’orange plutôt que le Whisky et le Get 27. Et le Dry January, même si vous ne le tenez pas en entier, c’est aussi un moyen pour vous de réaliser à quel point l’alcool peut être insidieux et devenir une addiction. Chez Pills, on y fait attention, même si on aime aussi boire une petite bière après une journée harassante à la rédaction.
Un article de Lucas Désirée.